D'un voilier … au Chemin des Boisés
18 janvier 2021
Tel que stipulé dans une histoire précédente, c’est grâce à notre ami Brien Benoit que nous avons trouvé notre chalet du Lac Mercier.
Tout a commencé par l’histoire d’un petit voilier que nous possédions, amarré dans une marina du lac St-Louis à Pointe-Claire. Nous étions jeunes mariés à cette époque et lors d’une sortie sur le lac St-Louis par une journée venteuse, j’ai donné mon avis à Conrad, mon mari, sur sa façon audacieuse de naviguer. Sa réponse: tu sauras qu’après Dieu, c’est moi le maître à bord. Ma réplique a alors été: Ah! Oui? Alors, … au bord…! J’ai refusé ensuite de remonter sur son voilier et lui ai plutôt suggéré de le vendre et de nous acheter un chalet à Tremblant, ce qui serait merveilleux pour le couple de skieurs que nous étions, depuis notre rencontre à Innsbruck, lors d’un voyage de ski.
Je dois avouer que j’ai une phobie de l’eau. Lorsque j’ai passé quelques mois au Manoir du Lac Mercier durant mon enfance, mes cousins avaient décidé que je devais nager. Ils m’ont donc poussée en bas du quai et m’ont dit maintenant nage… j’ai failli me noyer… cette phobie dure jusqu’à ce jour… Donc un voilier, très peu pour moi.
Nous nous sommes donc mis à la recherche de la perle rare et avons fait part de notre projet à notre ami Brien. Lorsque ce dernier a constaté notre forte intention de trouver un chalet, il a offert de nous montrer ce qu’il avait découvert au bout du chemin du lac Mercier. Il faut savoir que nous nous étions mariés 4 ans auparavant et que nous avions déjà acheté notre maison de Pointe-Claire. Nous ne roulions pas sur l’or…
Au cours de la fin de semaine du 1er juillet 1977, bouteille de bière à la main, nous nous sommes présentés au bout du lac, où s’y étaient construit trois chalets fabriqués par les Maisons du Québec d’Autrefois, de Ste-Agathe. Nous y avons alors rencontré les propriétaires de Les Habitations Boisés Tremblant, Nicole et Joël Yanow, qui nous ont vanté la vie de chalet au lac Mercier.
Compris dans l’achat de ce chalet à moitié construit (aucune porte d’entrée existante, l’intérieur à terminer, mais avec beaucoup de possibilités d’aménagement) en surplus, ce chalet possédait un droit de passage à la plage et sa marina privée sur le lac Mercier.
Nous venions de trouver notre chalet de rêve. En plus, le prix était abordable pour un jeune couple: $18,500. Imaginez un peu, actuellement, sur le lac Mercier…
Nous sommes donc entrés immédiatement en communications avec son propriétaire, un jeune célibataire, Albert Sauvé Jr. (des magasins Sauvé Frères) et sommes devenus officiellement les heureux nouveaux proprios de notre chalet de rêve le 22 juillet 1977, moins d’un mois après l’avoir découvert. Ce n’est pas tout à fait la vie de chalet qui commençait pour nous, mais plutôt la vie de propriétaire. Nous étions cependant jeunes et enthousiastes.
Au cours du premier hiver, Conrad s’est rendu compte qu’il faudrait faire verbaliser le chemin des Boisés si nous voulions que la municipalité de Mont-Tremblant déneige le chemin et en fasse l’entretien tout au cours de l’année. Pour régulariser cette épée de Damoclès qui pesait sur le chemin, Conrad, avec l’aide d’un de nos voisins, Yvon Hétu, se mirent à l’œuvre pour contacter la municipalité ainsi que les voisins, afin d’établir la liste des travaux à effectuer pour permettre le déneigement par la municipalité cet hiver-là.
En effet, le chemin n’étant pas verbalisé, la municipalité pouvait arrêter de le faire à tout moment et alors, chaque propriétaire aurait dû payer sa part pour déneiger et entretenir le chemin tout au cours de l’année. Nos trois chalets étaient tout à fait au bout… Conrad et Yvon Hétu ont donc marché tout le chemin des Boisés, avec le conseiller Rabellino, qui leur a indiqué les travaux requis par la municipalité afin que le chemin soit verbalisé.
C’est à ce moment-là que Marcel Desjardins, qui possédait un terrain à proximité de l’entrée du chemin, a cédé une partie de son terrain à la municipalité afin de redresser le chemin (ce qui ne semble avoir jamais été fait). La municipalité a payé pour les travaux effectués. Conrad ne se souvient pas du montant, mais dit que c’était minime. Le chemin fut donc verbalisé cet hiver-là.
S’il ne l’avait pas été avant, il semble que cela aurait été dû à la mésentente qui existait entre la municipalité de Mont-Tremblant et les propriétaires des Habitations des Boisés Tremblant.
Le troisième chalet était la propriété d’un jeune couple du nom de Buck. Lui était dans le domaine du tapis et Valérie, son épouse, était massothérapeute. Ils ont presqu’aussitôt vendu aux Tracey, couple de retraités. Gerry Tracey était retraité de la Dominion Bridge et Melita avait un beau passe-temps: elle faisait de la peinture. Melita nous a laissé en souvenir une belle peinture de notre chalet, vu de chez elle avant notre départ. Peinture que nous chérissons toujours.
Nous avons rapidement fait la connaissance d’un voisin du chemin des Boisés, jeune ébéniste, du nom de Richard Moreau. Pendant que Richard s’attaquait à la finition intérieure du chalet ainsi qu’à la cuisine et à la salle de bains, nous avons passé des heures et des heures à sabler et à vernir les poutres de pin intérieures ainsi qu’à calfeutrer entre les dites poutres (à certains endroits nous pouvions voir l’extérieur). Nous avons dû également sabler le plafond où nous avions noté des traces de bottes de travail… C’était une façon saine de passer nos fins de semaine en plus de pratiquer les sports nautiques l’été et le ski l’hiver.
Ensuite est venue la partie intéressante: la décoration intérieure. Avec l’aide des artisans de Tremblant en faisant tisser les rideaux par les gens du Moulin Rouge et aussi avec des achats effectués au Coq Rouge. J’ai aussi eu le bonheur de retrouver un ami d’enfance, Marc Calvé, après toutes ces années et ainsi pu me procurer quelques-uns de ses fameux tapis tressés à la main, comme ma grand-mère en faisait avec des retailles.
Nos meubles de salle-à-dîner et les tabourets du comptoir de cuisine avaient également été commandés chez Les Maisons du Québe d’autrefois. A ce moment-là ils vendaient les meubles d’autrefois que nous devions assembler nous-même (comme ceux d’Ikea). Nous avions même tissé le fond des chaises et des tabourets avec le cordage qu’ils fabriquaient également. Je dois admettre que Conrad et moi avons eu quelques discussions lors du tissage de ces chaises… La chaise d’entraînement à la propreté achetée au Coq Rouge, que nous possédons toujours, était dans la famille de son propriétaire George Gallagher depuis plusieurs décennies. Tous leurs enfants en avaient bénéficié. Elle fut encore utile pendant les vacances de Noël 1981…
Notre fils a été conçu au Lac Mercier en 1978. C’est pour cette raison que je dis que le sentiment d’appartenance au Lac Mercier et à Tremblant est profond dans la famille Roch. Francis est né à l’été 1979. Le premier hiver je suis donc restée au chalet avec le bébé pendant que Conrad continuait à skier.
À 18 mois Francis a descendu la pente des débutants de l’école de ski, bien installé entre les jambes de son père, après avoir pris le T-Bar dans les bras de ce dernier.
Malheureusement, à cette époque il n’y avait pas d’école de ski à Tremblant pour les tout-petits. Conrad a demandé à son ami Conrad Guay s’il n’y aurait pas de possibilité d’embaucher un Directeur d’école de ski qui s’occuperait de régler ce problème, d’autant plus que ce dernier avait alors un fils de trois ans qui skiait déjà.
Je crois que Conrad Guay a trouvé que ce pourrait être une bonne idée. Au grand bonheur de tous les parents, ils ont embauché, l’année suivante, un Directeur spécialisé avec cette jeune clientèle. Francis a donc pu fréquenter l’école de ski avec d’autres petits cette année-là. MERCI aux deux Conrad! J’ai pu recommencer à skier un peu également. Quel beaux souvenirs…
Nous avons, malheureusement, dû vendre notre chalet lorsque Conrad a été transféré à Toronto où nous sommes demeurés quelques années. Nous l’avons vendu au joueur de hockey Denis Potvin de New York. Dès notre retour de Toronto, nous avons commencé à louer un chalet chez notre ami Brien et ce, pendant quelques années.
Lorsque Conrad a décidé de prendre sa retraite, nous nous sommes mis à la recherche d’une maison à Tremblant. Nous l’avons trouvée tout à fait par hasard par une journée très froide de février, il y a 5 ans. Trop froide pour skier mais très agréable pour un tour d’auto.
Nous ignorions ce trésor caché devant lequel nous sommes passés pendant tant d’années. Il existait là tout près, au pied d’une montagne à deux pas du centre-ville de Mont-Tremblant.
Ce sera notre arrêt final à Tremblant.
Nicole Roch.
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