Histoire...d'hier à aujourd'hui
23 juin 2018Quand j’ai commencé mes recherches, les renseignements que j’ai recueillis m’ont menée bien plus loin que j’aurais pu m’imaginer. J’ai découvert avec fascination, comment s’est développé le territoire en bordure du lac Mercier et combien notre région était très active au début du siècle dernier et ce que nos pionniers y ont accompli.
Je vous offre le fruit de mes recherches et vous amène en voyage à travers ce fascinant chapitre de notre histoire locale.
Sources principales de recherches et de références: -> Bibliothèque et Archives nationales du Québec "BAnQ" -> Registre Foncier du Québec
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Les chapitres de cette page:
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- Le lac Mercier à ses débuts
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- L’hon. Honoré Mercier et curé Antoine Labelle
- Plan de colonisation
- Le “Grand Brûlé” devient Saint-Jovite
- La voie ferrée au-delà de “La Repousse”
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- Le chemin du lac Tremblant et le “Parc de la Montagne Tremblante”
- La source
- L’industrie forestière dans le village
- La gare au lac Mercier et l’histoire du “Train du Nord”
- Les pionniers du village
- La “Mission de Mont-Tremblant”
- Un curé résident: Charles-Hector Deslauriers
- Création de la Municipalité de Mont-Tremblant
- L’école du village
- Un ruisseau entre le lac Moore et le lac Mercier
- Le lac du Canton de Clyde
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- Les hôtels au lac Mercier
- Progression du développement autour du lac
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Avant nous, ils ont marché sur cette terre, ils ont regardé ces montagnes et admiré ce lac …
En s’établissant sur les terres autour du lac Mercier, les pionniers ont réussi à accomplir le rêve des colonisateurs et nous ont laissé un beau territoire que nous avons le devoir de conserver.
Le lac Mercier à ses débuts
À l’époque de la colonisation dans la province, les lots entourant le lac Mercier, ont été créés entre 1871 et 1889. L’extrémité sud du lac Mercier était située dans le Canton de Grandison et la presque totalité du lac se situait dans celui de Clyde.
Selon les écrits de l’époque, le lac Mercier s’appelait le lac “Sem” ou “Sam”. (nom d’un ancien employé d’une compagnie forestière de l’époque?).
Au tournant du siècle, le père Samuel Ouimet, premier curé de Saint-Jovite, l’a renommé “lac Mercier” en l’honneur de l’ Hon. Honoré Mercier (1840-1894), premier ministre du Québec de 1887 à 1891 et l’un des grands premiers ministres dans l’histoire du Québec.
Même si le Lac Mercier est connu depuis la fin du 19e siècle, ce e n’est toutefois qu’en 1968 que le nom de “Lac Mercier“ a été officialisé par la “Commission de toponymie du Québec”.
Cette période de notre histoire met en scène une campagne québécoise qui doit faire face à des choix, parfois déchirants. Il devient de plus en plus difficile d’y faire vivre une famille convenablement. Les choix qui s’offrent sont, soit l’exil aux États-Unis, soit d’aller vivre dans les villes pour y travailler dans les usines, soit d’aller s’établir dans de nouveaux territoires de colonisation. C’est ce que favorise la très influente Église catholique, d’où la création de sociétés de colonisation.
L’hon. Honoré Mercier et le curé Antoine Labelle
Dès son arrivée en 1868 comme curé de Saint-Jérôme, Antoine Labelle (1833-1891) se lance dans l’aventure d’ouvrir les pays d’en haut à la colonisation, convaincu que l’avenir des Canadiens français passe inévitablement par le travail agricole.
La détermination du curé Antoine Labelle et l’énergie qu’il a su insuffler à ses contemporains, ont fait de lui un personnage de légende.
Histoire de chez-nous / Antoine Labelle
Répertoire du patrimoine culturel du Québec
De par sa notoriété de premier ministre, et son implication dans le développement de notre région, l’ Honorable Honoré Mercier a aussi marqué l’histoire à travers ses descendants:
–Sa fille ainée, Eliza Mercier, épousera Sir Lomer Gouin
-Sa fille Heva Mercier (Homère Fauteux), mère de l’Hon. Gaspard Fauteux,
-Son fils Honoré Mercier ll, politicien influent et ardent défenseur de la nature, qui a su conjuguer son amour pour la région avec ses fonctions ministérielles. Il est à l’origine de plusieurs institutions visant à protéger la nature et les ressources naturelles, à une époque où ces préoccupations environnementales étaient naissantes en Amérique du Nord.
Honorable Honoré Mercier, le père et le fils
Le premier ministre Honoré Mercier, assisté par son sous-ministre de l’agriculture et de la colonisation le curé Antoine Labelle, a comme mission de développer le territoire québécois et de promouvoir les intérêts de la colonisation et de l’agriculture.
Répertoire du patrimoine culturel du Québec
Les hivers particulièrement rigoureux de 1871 et 1872 et la nécessité de transporter du bois de chauffage vers Montréal, ont eu raison des résistances des politiciens qui refusaient jusqu’alors de développer la voie ferrée vers les Laurentides. Le train se rend bientôt jusqu’à Saint-Jérôme.
Mais le curé Antoine Labelle, surnommé le « Roi du Nord » voit plus loin et veut continuer la colonisation sur de nouvelles terres vers le Nord. Il rêve aussi d’y amener des touristes en quête de dépaysement, pour profiter des paysages grandioses et des nombreuses ressources dont les “Cantons du Nord” regorgent.
Visionnaire, le curé Labelle avait prévu que de beaux endroits dans les cantons du Nord deviendraient des paradis pour retrouver la santé et admirer et profiter de la nature. Il voulait faire du Nord une « Suisse canadienne ».
L’extension de la voie ferrée vers le Nord est essentielle à la réalisation de ce rêve et le curé Labelle met beaucoup d’énergie à la réalisation de son plan de colonisation.
Plan de colonisation des “cantons du Nord”
Le curé Labelle veut freiner l’exode des Canadiens-français vers les États-Unis, mais il a aussi la ferme intention d’endiguer la poussée des Anglo-saxons et de leurs pasteurs protestants au nord du Saint-Laurent. Ceux-ci ont déjà remonté de la région de l’Outaouais vers les cantons de Montcalm, Arundel et même ceux de Salaberry sur la Diable.
Le curé sait que les protestants ont l’intention de s’emparer des bonnes terres de la vallée de la Rouge et de la Diable et il déploie beaucoup d’efforts pour déjouer leurs projets. Il veut à tout prix éviter que les anglophones fassent dans les cantons du Nord ce qu’ils ont fait dans les cantons de l’Est où la concession des terres les a favorisés au détriment des Canadiens-français plus pauvres.
Le curé Labelle se rend à « la Repousse » en 1870
À l’automne 1870, le curé Antoine Labelle part de Saint-Jérôme et traverse les hauts sommets de « La Repousse » (St-Faustin) pour atteindre la plaine du “Grand Brûlé”. La forêt a été en partie déboisée au confluent des rivières “Diable” et “Rouge” par les entrepreneurs forestiers d’Hawkesbury, pour y entreposer la nourriture et l’équipement nécessaires à leurs chantiers d’hiver. Il voit ici une belle vallée propice à l’installation d’une colonie.
Antoine Labelle réclame l’aide du gouvernement afin qu’un plus grand nombre de terres soient attribuées aux colons et demande également une meilleure protection législative face aux pratiques abusives des entrepreneurs forestiers.
Après l’arpentage du canton De Salaberry en 1871, des familles commencent à défricher la vallée du Grand Brûlé sur la rive sud de la Diable. Pour aider les familles à s’installer sur ces terres, le curé Labelle réussit à rassemble les sommes nécessaires à l’amélioration du “Chemin Morin” (route 117) qui relie “le Grand Brûlé” à Ste-Agathe et à la construction d’un pont couvert sur la Diable, ce qui permettra aux colons de défricher les deux côtés de la rivière.
Les défricheurs s’installent graduellement dans les cantons de Wolfe, Arundel et Clyde.
Après l’ouverture du “Chemin Morin” (actuelle route 117) jusqu’à la Diable en 1871, les colons s’établissent dans le Canton de Clyde (La Conception), au milieu de l’empire forestier des frères Hamilton de Hawkesbury.
Les familles St-Jean, Pilon, Champagne, Labelle et Clément s’implantent dans le “Canton de Clyde” où est situé le lac Mercier.
La mission du “Grand Brûlé”
En 1878, les familles sont nombreuses sur les deux rives de la Diable. Joseph Sarazin, bien établi sur la rive sud de la Diable, offre un terrain au curé Labelle et une chapelle-presbytère y est bientôt érigée. Le curé Labelle encourage le transfert de l’abbé Joseph-Samuel Ouimet du diocèse de Montréal, afin qu’il consacre son temps aux colons et à leurs familles de la mission du Grand Brûlé. En 1878, la nouvelle colonie est confiée à l’abbé Joseph-Samuel Ouimet.
Le “Grand Brûlé“ s’appellera désormais St-Jovite
Le curé Ouimet dépense beaucoup d’énergie à recruter de nouveaux colons. Le village de St-Jovite a maintenant une Commission scolaire et fait ériger une école. La chapelle devient bientôt exigüe et la construction d’une église devient nécessaire. Le village a un moulin à scie et une briqueterie (François Léonard), un moulin à farine (Célestin Bisson), un moulin à carder (Jude Meilleur), un boulanger, des voituriers et des forgerons, des magasins généraux, un médecin et un notaire. Grâce aux ruisseaux, l’installation d’un pouvoir électrique vient accélérer l’expansion du territoire.
Le « chemin Bisson » vers la « Chute-aux-Iroquois »
La route de 21 milles qui relie St-Jovite à la Chute aux Iroquois (Labelle) passe par le lac Duhamel et La Conception. En 1883, une nouvelle route qui traverse les rangs 1 et 2 de Grandison, puis le rang D de Clyde le long de la rive ouest du lac Mercier , est en construction. Ce chemin nommé « Chemin Bisson » (l’actuel Chemin du lac Mercier) réduira la distance entre les deux villages à 16 milles. Les terres le long du chemin et celles longeant la rive est de la Rivière Rouge, sont fertiles et très productives.
Une première section de chemin est ouverte en 1884 et permet de franchir le secteur montagneux du lac Mercier et le lac du Sommet pour se rendre jusqu’au plateau qui s’étend à l’est de la rivière rouge (jusqu’à la ferme Valiquette sur les lots 46 à 50 du canton de Clyde).
C’est en 1886 que le chemin sera prolongé jusqu’à la « Chute-aux-Iroquois » (aujourd’hui Labelle).
À deux reprises, en 1885 et 1890, le curé Labelle, devenu sous-ministre de la Colonisation sous le gouvernement d’Honoré Mercier, s’est rendu en Europe afin de recruter des familles francophones pour venir s’établir sur les nouvelles terres des cantons du Nord.
Extrait de : Chronologie de l’histoire du Québec-La Province de Québec de 1867 à aujourd’hui
… « 1890 : Les temps sont durs au Québec. Plusieurs quittent la campagne pour chercher du travail en ville, où ils sont exploités par des patrons qui leur versent des salaires ridicules en échange de six jours de travail, à un minimum de dix heures de labeur par jour. D’autres choisissent l’exil vers les manufactures des États-Unis. Pas moins d’un million de Québécois quittent ainsi leur patrie, un nombre faramineux! C’est un véritable ghetto de francophones qui se crée en Nouvelle-Angleterre »…
La voie ferrée au-delà de « La Repousse »
La vision du « Roi du Nord » de prolonger la voie ferrée au-delà de la montagne de « La Repousse » (Saint-Faustin) devient réalité.
On a déjà inauguré la gare à la “station de Saint-Jovite“ en octobre 1893.
En 1894, l’installation de la voie ferrée est complétée dans le secteur du lac Mercier et le premier train y passe en direction de La Conception et la station de la Chute aux Iroquois (Labelle).
Le train peut désormais amener travailleurs et touristes dans les vallées de la Diable et de la Rouge, jusqu’au terminus de la Chute aux Iroquois.
Après le décès du curé Antoine Labelle (en 1891), son projet de colonisation est poursuivi par son ami fidèle, le curé Samuel Ouimet. La colonisation va bon train et s’étend dans les cantons de Grandisson et de Clyde.
En plus de s’occuper des familles de la vallée de la Diable, le curé Ouimet doit desservir les missions de La Conception et de la Chute-aux-Iroquois.
L’ histoire de la colonisation
un village
Billets de location et Lettres patentes
Les grosses familles au Québec
Les colons pouvaient obtenir des lots par « billets de location » ou par l’octroi de « Lettres Patentes» du gouvernement du Québec.
Selon la Gazette officielle de Québec publiée le 19 novembre 1892, le commissaire des Terres de la Couronne a concédé plusieurs lots du 2e rang dans le canton de Grandison et des lots des rangs D et E du canton de Clyde à la famille Mercier.
“Chemin du Lac Tremblant” et “Parc de la Montagne Tremblante”
Le “Chemin du Lac Tremblant” (l’actuel chemin du Village) qui relie la voie ferrée longeant le lac Mercier au lac Tremblant est terminé en septembre 1896. Le nouveau chemin sera prêt pour l’inauguration du “Parc de la Montagne Tremblante” à la mi-septembre.
BAnQ-Le-Nord-St-Jerome-23-septembre-1896
Le 12 novembre 1896, Virginie St-Denis, veuve de l’Hon. Honoré Mercier, détient désormais les Lettres Patentes» du gouvernement du Québec obtenues par son mari, pour les lots 34 à 37 du 2e rang dans le canton de Grandison.
En avril 1898, Virginie St-Denis, se départit des lots 34 et 35 du rang ll dans le canton de Grandison, d’une superficie de 200 acres. L’acquéreur est François Sigouin père, cultivateur originaire de Saint-Sauveur-des-Monts et maintenant établi à St-Jovite. La vente s’accompagne d’une promesse d’aider l’acquéreur au besoin.
Le 6 octobre 1899, Virginie St-Denis vend les lots 36 (67 acres) et 37 (31 acres), ainsi qu’une petite partie du lot 35 (4 acres) du rang ll à Edouard-Henri Mercier, officier de douanes de Montréal et frère d’Honoré Mercier.
La source
L’eau provient d’une source qui jaillit sur le flanc nord de la montagne qui longe le “chemin du lac Tremblant” (derrière l’ actuel Hôtel Mont-Tremblant). La source et le système d’aqueduc appartenant à Célestin Bisson depuis 1901.
Le 22 novembre 1901, François Sigouin père, vend à Célestin Bisson, la source d’eau localisée sur le lot 35 du rang ll de Grandison, avec droit d’y construire un bassin et un aqueduc d’une longueur d’environ 1000 pieds, pour amener l’eau jusqu’à l’emplacement de Joseph Dufour le lot 36 du rang ll. Joseph Dufour dispose, dès 1902, d’une source d’approvisionnement en eau nécessaire aux opérations de l’hôtel qu’il s’apprête à construire, “l’Hôtel Mont-Tremblant“.
La source a été vendue à Donalda Renaud en 1923. Huit familles de ce secteur bénéficient du service d’aqueduc en plus de l’hôtel Mont-Tremblant et de l’école située au milieu du village: les Syracuse pour 2 maisons, Labelle, Sigouin, Letendre, Richer, Lavigne et Poissant. Les familles profitent de ce service d’eau moyennant une contribution annuelle (variant de $6. à $30. en 1941).
Victorine Hamel, propriétaire de l’Hôtel Mont-Tremblant, vendra la source d’eau et les installations d’aqueduc en même temps que l’hôtel et les autres propriétés qu’elle possède en mai 1941.
L’industrie forestière
En 1901, Edouard-Henri Mercier loue une partie des lots 35 et 36 du 2e rang de Grandison à la compagnie forestière Great Northern Lumber où elle a ses installations le long du “Chemin du Lac Tremblant“
En 1902, François Sigouin père et Alphonse Gauthier vendent à la compagnie forestière et le marchand de bois Salomon Cole, une grande portion de ce territoire sur tout le plateau entre le “lac Brochet“ (actuel lac Moore) et le “lac Mercier”, et du ruisseau qui longe le plateau jusqu’au pied de la montagne (Mont-Plaisant).
Plusieurs bâtiments y sont érigés, dont un magasin général, un moulin à scie et des installations pour transformer le bois, en plus d’une immense cour à bois. On y construira bientôt un hôtel pour les employés de la compagnie, le « Chalet du lac ».
En 1906, ce territoire sera vendu à la A.D. Gall Petroleum & Chemical Co.
L’ industrie du bois dans le village de Mont-Tremblant
La A.D. Gall Petroleum & Chemical et leur négociant Salomon Cole a également acquis des droits de coupe de bois sur les lots 5 à 12 du rang E du canton de Clyde au nord et est du lac en plus de détenir des droits de coupe sur les lots 8 et 9 du rang D du canton Clyde, du côté ouest du lac et autour du lac du sommet, dont Marie Giroux, veuve d’Alphonse D. Dury, détenait les lettres patentes.
La gare du Lac Mercier et le “Train du Nord”
Après le décès d’Honoré Mercier en 1894, c’est Virginie St-Denis, sa veuve, qui détient les lettres patentes du gouvernement pour les lots 34 à 37 du rang ll dans le comté de Grandison, (village de Mont-Tremblant) et une partie des lots ceinturant le lac Mercier dans le canton de Clyde.
Les parties de lots expropriés pour l’implantation de la voie ferrée portent les numéros 46 (dans Grandison) et 52 (dans Clyde).
Le 31 décembre 1914, Virginie St-Denis vendra le Lot 46 dans le canton de Grandison au Canadian Pacific Railway, où la voie ferrée a été installée une vingtaine d’années plus tôt. Quant au Lot 52 au niveau rangs D et E du canton de Clyde, il sera été vendu en 1896,1897,1906 et en 1914, à la Montreal & Western Railway Co.
En 1894, l’installation de la voie ferrée est complétée dans le secteur du lac Mercier et le premier train y passe en direction de La Conception et la station de la Chute aux Iroquois (Labelle).Cependant ce n’est qu’à l’automne 1904 que le Canadien Pacifique érige une première gare.
Au lac Mercier, l’inauguration de la gare permet dorénavant au « Train du Nord » d’arrêter dans le petit village, ce qui donne un nouvel essor au développement de la région.
Dans le petit hameau du lac Mercier, le nombre de familles a beaucoup augmenté depuis l’implantation de l’industrie et l’arrivée du train et la construction de la gare.
Les pionniers du village
En 1904-1905, François Sigouin père, propriétaire du lot 35 du 2e rang dans Grandison, le long du ruisseau et du “chemin du lac Tremblant” , entre le lac Mercier et le « lac Brochet » (lac Moore), vend des parties de lots avec la condition que les acquéreurs y érigent une maison habitable.
François Sigouin, père de 10 enfants, avait occupé ce lot depuis la fin des années 1880. Il y avait construit une maison, une grange et une étable et défriché 35 arpents pour la culture. Il a finalement été en mesure d’acquérir le lot dès que celui-ci été mis en vente.
Ces nouveaux habitants sont les pionniers du village de Mont-Tremblant. Ils proviennent des régions de Saint-Sauveur, Saint-Jérôme, Sainte-Thérèse et Sainte-Agathe et font l’acquisition de ces lopins de terre, bien décidés à s’installer dans une région pleine de promesses.
Ces pionniers sont: Joseph Cyr, Alphonse Gauthier, Jules Lachapelle, Joseph Dufour, qui construira l’hôtel Mont-Tremblant, puis Wilfrid Guay (et Donalda Renaud) qui en deviendront propriétaires, le menuisier Octave Émond, le bucheron Calixte Ladouceur, le contre-maître Zéphirin Meilleur (et Victorine Hamel), les journaliers Olivier Ladouceur et Ovide Barnes , le cultivateur Célestin Bisson et le charpentier Zéphirin Bisson, le maître de pension Joseph Meilleur et Jean-Romain Lavigne, qui ouvre bientôt un magasin général à côté du boulanger Jules Boivin. Celle-ci est remplacée en 1925 par la boucherie d’Adélard Richer.
On se souviendra également d’Eugène Dicaire, Charles Whittey, le chef de gare Adélard Matte, Azarius Lauzon, Arthur Robert, Damien Poissant (et Irène Bréard) qui s’établissent juste derrière l’hôtel de Joseph Dufour, Zéphirin Vanchesteing (Virginie Sénécal) qui installeront l’électricité dans le village, et plusieurs autres par la suite.
Les pionniers de Mont-Tremblant
Presque toutes les parties du lot 35 du 2e rang de Grandison, ont été vendues par François Sigouin à des pionniers qui se sont établis le long du « Chemin du lac Tremblant ». Les parties de lots du côté nord de ce chemin étaient plus propice à l’installation d’habitations, c’est là que plusieurs maisons et commerces ont été construits, dont certains ont subsisté jusqu’à maintenant.
Les Vanchesteing opèrent une petite centrale électrique à partir de 1912 et installent graduellement l’électricité vers le village. En 1931, Virginie Sénécal, veuve de Joseph Vanchesteing, vend les installations à la Gatineau Power Co., qui assurera désormais un réseau électrique fiable dans le village.
Depuis le début du siècle, l’eau courante est fournie aux habitants de cette partie du village et de la petite école au milieu du village.
Pendant plusieurs années par la suite, l’eau du village sera puisée dans le lac Moore. Les installations de pompage seront localisées dans un garage municipal à l’embouchure du lac Moore (l’actuel parc Daniel-Lauzon) pour alimenter les familles du village.
La “Mission de Mont-Tremblant”
La “mission de Mont-Tremblant” est desservie par le curé Ouimet, qui vient y faire une visite dominicale jusqu’à son décès en 1918. Son territoire comprend une partie du canton de Grandison. Le village est situé sur le parcours du chemin de fer. Cette mission a d’abord porté le nom de «Mont-Tremblant», à cause du voisinage de la “Montagne tremblante”.
La “mission de Mont-Tremblant” dessert tout le 2e rang du canton de Grandison (dans le comté de Terrebonne), c’est-à-dire le village, mais aussi les fidèles qui se sont établis dans le rang D du canton de Clyde, (mission de La Conception), soit tous les fidèles installés au lac Mercier.
En juillet 1920, Zéphirin Bisson fils, charpentier-menuisier de St-Jovite vend au curé Joseph-Eugène Limoges, le terrain qu’il avait acquis de François Sigouin père en octobre 1912.
Le terrain doit servir à des fins se rapportant au culte catholique et est réservé à la construction d’une chapelle ou d’une église.
La mission est confiée au curé Limoges. En 1922, Joseph-Eugène Limoges est nommé évêque de Mont-Laurier.
En 1928, Mgr Limoges promet de nommer un curé résident à la mission du lac Mercier au printemps suivant et d’y faire construire une église et un presbytère.
Un curé résident, Charles Hector Deslauriers
La mission de Mont-Tremblant est prise en charge par l’abbé Charles-Hector Deslauriers en 1929. La paroisse de « Sacré-Cœur-de-Jésus » est née.
À l’été 1929, il entreprend de bâtir une église pour remplacer la petite chapelle.
En 1929, des menuisiers et artisans locaux dont Euclide Dubois, participent à la construction de la nouvelle église sur le promontoire à côté de la petite chapelle face au lac.
Euclide Dubois dont les parents proviennent de la région de Ste-Thérèse, avait acquis plusieurs lots dans la région entre le lac Ouimet et le lac Mercier. Menuisier et entrepreneur,il a érigé l’auberge Villa Bellevue au lac Ouimet. Il exploitait également un moulin à scie sur un des lots près du chemin qui mène au village.
C’est en décembre1929 que l’Église du lac Mercier est complétée.
Le curé Deslauriers a vite compris que le tourisme serait crucial pour le développement de la région. Il s’est beaucoup dévoué pour encourager ses paroissiens à la pratique des sports et également à embellir leur environnement.
S’inquiétant de la perte des forêts à cause de la coupe intensive du bois par les compagnies forestières, il a initié un programme de reboisement dans la région. Il avait une grande passion pour l’horticulture et reconnaissant l’importance de conserver la nature.
Les oubliés: Charles-Hector Deslauriers
Le Curé Deslauriers un sauveur pour Mont-Tremblant
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L’hôtel « Chalet du lac » est vendu au curé Charles-H. Deslauriers en 1939. Le bâtiment à vocation touristique, servira de lieu de rassemblement pour les activités organisée par le curé Deslauriers.
C’est le début de la Deuxième Guerre Mondiale 1939-1945.
En 1940, le curé Charles-Hector Deslauriers organise une pétition auprès de la population qui compte alors environ 600 âmes et réclame de Québec, que le petit hameau du lac Mercier soit séparé de la « municipalité des Cantons de Salaberry et de Grandison » (qui deviendra la municipalité de Saint-Jovite).
Création de la Municipalité de Mont-Tremblant
Une loi est passée en avril 1940, créant la « Municipalité de Mont-Tremblant ».
L’école du village
Les bâtiments et le moulin à scie désuets de la Standard Chemical Co. sont abandonnés. La vente de nombreuses parcelles de terrain dont la compagnie est encore propriétaire se poursuit jusqu’en 1942. L’embranchement de la voie ferrée est démantelé pour faire place à la “rue Du Couvent“.
Le village reprend ses droits et de nouveaux propriétaires s’établissent sur ce plateau entre le ruisseau Moore et la montagne (Mont Plaisant) et les lacs Mercier et Moore, le secteur de la “rue Du Couvent“. Une école est bâtie dans ce nouveau secteur du village et les Soeurs de Sainte-Croix y emménagent en 1948.
On se souvient qu’au Québec, ce n’est qu’en 1943 que le gouvernement a voté une loi rendant l’école obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans, puis en 1964, jusqu’à l’âge de 15 ans.
Décès du curé fondateur, Charles-Hector Deslauriers
Après 50 ans de dévouement pour la municipalité de Mont-Tremblant, il décède le 23 avril 1979.
Un ruisseau entre les deux lacs
Entre le plateau où la compagnie forestière avait ses installations et le « chemin du lac Tremblant », coulait le ruisseau de décharge du « lac Moore” qui se déversait dans le “lac Mercier”. Au milieu de son parcours, le ruisseau s’élargissait et formait un étang marécageux.
Le développement du village et de l’amélioration du chemin du village, ont fait disparaitre l’étang boueux et le ruisseau a été confiné au pied du plateau industriel.
Ce n’est que dans les années 80 que la municipalité a dérivé le ruisseau vers une canalisation souterraine, créant ainsi un parc longeant le plateau de la rue du Couvent. L’ancien site du ruisseau est devenu une piste multifonctionnelle et un parc: le « parc du Curé Deslauriers ».
Le lac Mercier dans le Canton de Clyde
Depuis l’arpentage et la division des cantons dans les comtés de Labelle (canton de Clyde) et de Terrebonne (canton de Grandison) dans les années 1871-1883, le petit village de Mont-Tremblant et l’extrémité sud-est du lac Mercier font partie du canton de Grandison dans le comté de Terrebonne.
Pour ce qui est du lac Mercier et du lac Desmarais, ils sont localisés dans la « Municipalité de Clyde » (La Conception) dans le canton de Clyde.
En 1940, la situation géographique et le développement de l’activité touristique suscitée par le Mont-Tremblant amènent la Municipalité de Mont-Tremblant à intégrer le lac Mercier et le lac Desmarais au sein de sa municipalité. Les lots des rangs D (à l’ouest) et E (à l’est et au nord du lac) du Canton de Clyde font dorénavant partie de la “Municipalité de Mont-Tremblant”.
La Municipalité du Canton Clyde changea officiellement de nom en 1946 pour « Municipalité de La Conception ».
publié dans sa rubrique « Politique familiale », Municipalité La Conception
Contexte mondial
La première moitié du XXe siècle fut marquée par plusieurs événements qui ont influencé le développement de notre région et, à bien des égards, une remise en question de la façon de vivre des gens.
-la Grande Guerre de 1914-1918, avec ses 22 millions de morts
-la pandémie mondiale de « grippe espagnole » de 1918, qui tue 50 millions de personnes
-Les années 1920 marquées par l’américanisation du mode de vie et de la culture et l’émancipation des mœurs durant cette décennie qu’on a baptisée « les années folles »,
-l’influence de la prohibition, “Histoire du Québec – La Prohibition”
–la « Grande Dépression », cette crise économique des années 1930, qui commence avec l’effondrement de la bourse de New-York, provoquant inflation, chômage, misère et famine
-la Deuxième guerre mondiale de 1939 à 1945 avec ses 60 millions de morts
-sans oublier les importantes inventions, dont l’avion, l‘automobile. l’automatisation dans plusieurs domaines…..et bien sûr la création de la “chaise Adirondack” !…
Le début de l’ère touristique
Dans les années 1930-1940, l’industrie touristique prend de l’ampleur. À cette époque, l’industrie touristique découvre les « Pays d’en Haut » et la clientèle des milieux bourgeois anglophone et francophone devient plus importante dans la région.
le développement touristique de la région
L’hôtel « Chalet du lac », vendu au curé Charles-H. Deslauriers en 1939, est un bâtiment à vocation touristique et sert de lieu de rassemblement pour les activités organisée par le curé Deslauriers.
Pendant plusieurs années, on connaîtra l’hôtel sous le nom de “Auberge du curé”.
Le lac Mercier attire les vacanciers, enchantés par la beauté du paysage, l’air pur, la pêche, la chasse et les activités nombreuses. Certains viennent dans la région simplement pour jouir du grand air, pour faire des balades en chaloupe sur le lac, ou pour profiter des plaisirs de la vie à l’hôtel. Les sports en plein air se répandent de plus en plus.
Devenue une destination touristique fréquentée par les mieux nantis, c’est la popularité du ski alpin qui attire les touristes depuis les années 30-40.
À quelques heures de train de Montréal, tous ces plaisirs sont dorénavant accessibles. De plus, l’amélioration des routes et la démocratisation de l’automobile amène le tourisme de masse dans la région.
Progression du développement autour du lac.
Ce n’est qu’en 1940 que le petit village du lac Mercier est devenu la municipalité de Mont-Tremblant. C’est aussi en 1940 que le lac Mercier a été intégré au territoire de la municipalité de Mont-Tremblant. Les lacs Mercier et Desmarais faisaient auparavant partie de la municipalité de Clyde ( La Conception).
La partie nord du lac Mercier était encore inhabitée jusque dans les années 1970, sauf pour quelques petits chalets construits à partir des années 30 en bordure de la voie ferrée. Ils n’étaient occupés que durant la saison estivale car il n’y avait pas encore de chemin pour y accéder.
Le « chemin des Boisés » a été développé à partir de l’année 1975. Ce sont Nicole Morin et Joël Yanow qui ont été les pionniers du développement de ce secteur du lac.
Plusieurs développements résidentiels sont apparus autour du lac depuis les années 90: “le Domaine du Lac Mercier” sur la rive nord, le “Cap Tremblant” sur la rive sud en haut du village, “l’ Orée des Lacs” sur la rive est et enfin le “Domaine Privilège” sur le flanc ouest du lac.
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Les Mercier et leurs descendants
Honoré Mercier avait obtenu plusieurs lots dans la région afin de permettre l’installation du chemin de fer.
En 1892, plusieurs lots avaient également été réservés par lettres patentes pour Honoré Mercier, Virginie St-Denis et sa famille, ces lots étant pour la plupart, jugés impropres à la culture. Ces lots n’ont donc pas été mis à la disposition des colons.
Le « camp du lac Mercier », construit à l’extrémité du lot 37 du 2e rang de Grandison à la limite du lot 1 du rang D de Clyde, était la retraite favorite de l’Hon. Honoré Mercier, alors qu’il était premier ministre. Il s’y rendait souvent en compagnie de ses deux fils et de son frère Edouard-Henri.
De mémorables histoires de pêche ont été rapportées dans les journaux de l’époque. Des rencontres politiques s’y tenaient également.
Après son décès en 1894, c’est Virginie St-Denis, sa veuve, qui détient les lettres patentes du gouvernement pour les lots 34 à 37 du rang ll dans le comté de Grandison, (village de Mont-Tremblant) et une partie des lots ceinturant le lac Mercier dans le canton de Clyde.
Les parties de lots expropriés pour l’implantation de la voie ferrée portent les numéros Lot 46 (dans Grandison) et Lot 52 (dans Clyde).
Le 31 décembre 1914, Virginie St-Denis vend le Lot 46 dans le canton de Grandison au Canadian Pacific Railway, où la voie ferrée a été installée une vingtaine d’années plus tôt.
Quant au Lot 52 au niveau rangs D et E du canton de Clyde, il a été vendu en 1896,1897,1906 et en 1914, à la Montreal & Western Railway Co.
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L’extrémité sud du lac
En 1899, le frère d’Honoré Mercier, Edouard-Henri Mercier était devenu propriétaire des lots 36 et 37 du 2e rang de Grandison adjacents au lac Mercier. Une villa familiale remplacera le camp de pêche des Mercier.
Ce vaste territoire couvre environ le lac dans sa partie sud et sud-est.
Un fait intéressant : les Mercier possèdent un îlot rocheux dans le lac Mercier situé dans le prolongement de la ligne de division entre les lots 36 et 37. Cet îlot devait être plus important à l’époque car il apparait toujours comme « portion de territoire » lors des transmissions de titres de propriétés, jusqu’en dans les années 30.
Après le décès d’Edouard-Henri Mercier en juin 1905, ses deux filles Cécilia et Évelina sont les héritières. Cécilia cède sa part d’héritage à Evelina « Eva » Mercier, qui devient propriétaire de presque tout le territoire adjacent au lac dans sa partie sud-est. Elle est tenue par contrat de poursuivre la location des lots pour la coupe de bois avec Salomon Cole, le marchand de bois et propriétaire du moulin à scie situé dans le village.
Certaines parties du lot 36 en bordure du lac et le long de la voie ferrée ont été vendues par Évelina «Éva » Mercier à des pionniers. Ils y ont érigé des habitations ainsi que quelques commerces, dont l’Hôtel Mont-Tremblant.
Lorsqu’ Évelina Mercier décède en septembre 1920, ses propriétés sont léguées à son époux, Alfred Beaudoin, ainsi qu’à ses 6 enfants. Les enfants Beaudoin continuent de fréquenter le lac Mercier.
La succession d’Évelina Mercier conservera encore pendant plusieurs années les terrains à l’est et au sud-est du lac. Alfred Beaudoin décède en juillet 1934. Quelques propriétés demeurent dans la succession Mercier-Beaudoin jusqu’au décès de Fleur-Ange Beaudoin en 1959 et des autres descendants jusque dans les années 80.
Ces parcelles de terrains à l’extrémité sud du lac, ayant appartenues à la famille Mercier durant la première partie du XXe siècle, sont maintenant propriétés des Grenier, Lojk, Prieur, Courtois, Mallette, Galarneau-Gareau, Archambault, Smith, Raymond, Lauzon-Boissonneault, Balchunas et autres.
Patrimoine bâti
Plusieurs maisons construites à cette époque, toujours en place aujourd’hui, témoignent de la riche histoire de notre région.
L’influence des Mercier sur notre histoire locale.
De Honoré Mercier, détenteur par lettres patentes de plusieurs lots dans la région du lac Mercier, à Virginie Saint-Denis, son épouse devenue veuve, qui vend graduellement ces lots pour la construction du chemin de fer et le développement du territoire par les défricheurs, les colons, pour les opérations forestières de l’époque ou pour les villégiateurs.
Du frère d’Honoré Mercier, Edouard-Henri Mercier, à sa fille Évelina Mercier (Alfred Beaudoin), puis à ses nombreux descendants, qui ont, à leur manière, influencé l’histoire de la région.
Avant nous, ils ont marché sur cette terre, ils ont regardé ces montagnes et admiré ce lac …
En s’établissant sur les terres autour du lac Mercier, les pionniers ont réussi à accomplir le rêve des colonisateurs et nous ont laissé un beau territoire que nous avons le devoir de conserver.
Nous avons pris la mesure de l’influence des Mercier, Antoine Labelle, Charles-Hector Deslauriers, Jos Ryan et nombreux autres bâtisseurs et descendants de familles pionnières de la région. Ces pionniers ont indéniablement marqué l’histoire.
J’espère que vous avez apprécié ce voyage dans le temps et dans l’histoire de notre petit coin de pays…
… Revenez nous visiter …