Hôtel Mont-Tremblant
25 janvier 2022
En 1892, le lot 36 du rang ll dans le canton Grandisson, à l’extrémité sud du lac Mercier, a été octroyé à Edouard-Henri Mercier, le frère du premier ministre Honoré Mercier, Une partie du lot 36 est ensuite acquise par François Archambault, puis par Joseph Dufour pour la construction d’un hôtel.
« L’hôtel Mont-Tremblant », dont on peut encore reconnaître l’architecture du début du siècle, fut construit au lac Mercier vers 1902.
Joseph Dufour travaillait à l’époque pour la G. H. Perley Company. Dans les forêts environnantes du lac Tremblant, l’activité de coupe de bois était était florissante. Le lac Tremblant servait au flottage (drave) et au transport des billots vers la rivière Cachée, la Diable, puis la Rouge en destination de Grenville-sur-la-Rouge dans la région d’Hawkesbury.
Fils d’Amable Dufour, premier colon établi à Saint-Jovite, Joseph Dufour (Éveline Meilleur) est le gendre de Jules Meilleur et Henriette Bisson, famille de pionniers.
Joseph Dufour avait ayant obtenu des billets de concession de lots dans la région. Sur un de ces lots au lac Tremblant, il construit en 1902 une maison de pension de 6 chambres La maison de pension terminée, il la vend à son beau-frère Zéphirin Meilleur, qui devient alors « maître de pension » au lac Tremblant.
François Archambault acquiert une partie du lot 36. Le terrain est transféré à Joseph Dufour pour la construction d’un hôtel.
François Archambault est un célèbre constructeur d’églises de la région de l’Assomption et aussi un ami de la famille Meilleur. A-t-il participé à la construction de l’hôtel ?
François Archambault et Ozine Magnan sont présents au baptême d’Armande Meilleur en 1905, la fille de Joseph Meilleur en 1905. Leur fille Anna Archambault, l’épouse du Dr. Eugène Gervais, célébreront le mariage de leur fils Gaston Gervais et d’Armande Meilleur en 1926.
Joseph Dufour pourra désormais disposer d’une source d’approvisionnement en eau nécessaire aux opérations de l’hôtel qu’il construit.
La source
Le 22 novembre 1901, François Sigouin, cultivateur, avait vendu à Célestin Bisson, cultivateur également, une source d’eau qui jaillit sur le flanc de la montagne au nord du chemin du lac Tremblant (l’actuel chemin du Village), localisée sur le lot 35 du rang ll, avec droit d’y construire un bassin et un aqueduc. Les conduits sont installés sur une longueur d’environ 1000 pieds, pour amener l’eau jusqu’à l’emplacement de Joseph Dufour le lot 36.
Le nouvel hôtel de Jos. Dufour porte le nom de l’Hôtel du lac Mercier.
L’Hôtel du Lac Mercier est rétrocédé à François Archambault le 12 septembre 1905, puis vendu le 20 septembre 1905 à Wilfrid Guay, un homme d’affaire de l’Annonciation (Rivière-Rouge). Wilfrid Guay et son épouse, Donalda Renaud deviennent alors hôteliers à temps plein.
L’hôtel dessert les clients de la gare, érigée en 1904 sur le terrain voisin. L’endroit est idéal pour accueillir les passagers.
L’hôtel bourdonne d’activité en attendant l’arrivée du train hebdomadaire. Le Lac Mercier Inn devient vite le lieu de rassemblement des habitants de la région. Ils attendent à l’hôtel jusqu’à ce que le train arrive avec le courrier tant attendu, pour qu’il soit estampillé au bureau de poste de l’autre côté de la rue.
En 1906, l’hôtel héberge aussi des travailleurs de l’industrie forestière et de la A.D. Gall Petroleum & Chemical Co., qui vient d’acheter les installations situées sur le plateau entre le lac Brochet (renommé lac Moore) et le lac Mercier.
Le train permet aussi aux habitants, jusque-là bien isolées dans leur petit patelin, de rendre enfin visite à leurs proches et aussi de recevoir les membres de leur famille. C’est aussi le début de l’industrie touristique qui amène les villégiateurs par le train, pour venir dans la région profiter de la pêche, de la chasse et des plaisirs de la campagne.
Cette petite annonce paraît dans les journaux de Montréal en 1915.
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Au “Lac Mercier Inn”, le barman est jovial et les clients se sentent chez soi. Les habitants de la région s’y rassemblent pour faire la fête et le barman dépanne les fêtards qui ont un peu trop bu en leur louant une chambre.
Wilfrid Guay s’occupe de l’hôtel jusqu’à son décès en novembre 1916. Ce sera Donalda Renaud, son épouse devenue veuve, qui dirigera l’hôtel jusqu’en 1921.
L’hôtel construit il y a une vingtaine d’années par Joseph Dufour, est acheté en 1921 par son beau-frère Zéphirin Meilleur.
Zéphirin Meilleur gérait depuis 1902, la petite pension qu’il avait érigée au lac Tremblant. Il vient de vendre celle-ci à son frère Joseph Meilleur, qui a de grands projets d’agrandissement.
Joseph Meilleur envisage de transformer la pension du lac Tremblant en un hôtel d’envergure d’une soixantaine de chambre, adapté à une nouvelle clientèle touristique: l’Hôtel Meilleur.
L’établissement sera à son tour acheté par Joseph Bondurand Ryan en 1943.
Le 11 octobre 1921, Zéphirin Meilleur signe un bail de 10 ans et promesse d’achat avec Donalda Renaud, pour s’occuper de l’hôtel Lac Mercier Inn. Zéphirin décède malheureusement quelques mois plus tard, le 13 juillet 1922. Son épouse, Victorine Hamel, qui reprend la responsabilité de l’hôtel et en deviendra propriétaire par exécution de promesse de vente, le 15 octobre 1923.
Victorine, doit composer avec un autre événement malheureux en juin 1923: l’incendie du Lac Mercier Inn.
Un article de La Patrie du 25 juin 1923 annonce l’incendie du Lac Mercier Inn .
L’hôtel a été rebâtit en 1923.
En mai 1924, Victorine fait l’acquisition d’un terrain pour 12 garages de l’autre côté de la rue dont Adélard Matte était propriétaire. En janvier 1925, Victorine épouse François D’Assise Barette et c’est désormais son mari qui autorisera son épouse à effectuer légalement des transactions de propriétés.
En juin 1931, la propriété adjacente sera vendue à Joseph Romain Lavigne, qui y tient un magasin général, et dont la bâtisse a un mur mitoyen avec Adélard Richer, qui y tient une boucherie.
On a longtemps connu l’hôtel sous le nom de « Lac Mercier Inn ». Durant l’hiver 1932-1933, le première remontée mécanique (rope tow) en Amérique du Nord est installée à Shawbridge. Joe Ryan installe la première remontée mécanique avec chaise (chairlift) à l’hiver 1938-1939 au Mont-Tremblant.
Afin de profiter de l’engouement touristique créé par ces changements, le Lac Mercier Inn change son nom pour celui de “Hôtel Mont-Tremblant”.
Ce n’est que vers 1937 que l’hôtel commence à héberger des skieurs attirés par le ski Mont-Tremblant.
Le 7 avril 1941, Victorine Hamel et François D’Assise Barette vendent toutes les propriétés qu’ils possèdent, incluant la source d’eau et les installations d’aqueduc , à Ovila Robitaille, un marchand de charbon de Montréal. Le nom est désormais « l’Hôtel Mont-Tremblant »
BAnQ La Patrie 19 août 1943
La décennie de l’après-guerre a vu l’hôtel changer de propriétaires à nouveau: en janvier 1945 ce sera Elisabeth Nicole, veuve du tavernier Montréalais Arthur Bérubé qui devient propriétaire jusqu’en août de la même année, alors que Irène Pagé, épouse du comptable Louis-Philippe Barsalo, acquiert le commerce.
En octobre 1948, les nouveaux propriétaires montréalais sont: Georges Arpin (Laurette Denis), directeur de France Film, son frère Lionel Arpin, linotypiste et un hôtelier Raymond Bourgon. Un peu plus de deux ans plus tard , Raymond Bourgon quittera l’entreprise.
Le 25 mars 1953, c’est au tour de l’hôtelier Roger Baervoets (Lucille Sénécal) de Rosemère originaire de Bruxelles de devenir le dernier acquéreur. L’hôtel est dirigé par une personne expérimentée et bénéficie d’un second souffle.
En juin 1966, c’est au tour de l’hôtelier de Montréal-Nord Charles Ayotte (Angèle Fréchette) d’exploiter le commerce de Mont-Tremblant. Il vend l’entreprise à un vétéran de la deuxième guerre, Roy Fetherstonhaugh, le 9 décembre 1971.Ce dernier avait brièvement été propriétaire de l’hôtel Pointe du Rocher sur la rive ouest du lac.
Celui-ci se départit de l’hôtel le 19 décembre 1980. Les nouveaux propriétaires sont des hommes d’affaires locaux : Guy Dubois et Raymond Hotte. Les activités hôtelières attirent la clientèle locale avec le célèbre bar « au coin ».
Roy Fetherstonhaugh conserve toutefois le terrain au bord du lac jusqu’en juillet 1981, sur lequel il a érigé un immeuble qui deviendra l’Auberge Onwego.
C’est en septembre 1999 que Philippe Laudat acquiert le commerce et fait revivre l’hôtel et le restaurant qui acquiert ses lettres de noblesse. D’origine française, Philippe est expérimenté dans le domaine de la restauration et innove à plusieurs égards.
Puis ce fut au tour de Malachai O’Conner et David Innes d’imprégner l’hôtel d’une atmosphère irlandaise d’octobre 2008 à juillet 2010 de devenir propriétaires pour une courte période, le temps de l’implantation d’un authentique pub irlandais dont la fréquentation est devenue incontournable.
L’hôtel est repris par Philippe Laudat qui fait preuve à nouveau de ses talents d’hôtelier et restaurateur jusqu’à la vente récente à l’administratrice Marie-Josée Labbé, en 2017. Marie-Josée, passionnée par l’histoire locale, a bien l’intention de faire revivre les plus beaux jours de l’hôtel et d’en faire à nouveau un endroit incontournable.
Depuis le début du 20e siècle, l’hôtel a changé de nom, a subi un incendie en 1923, a été reconstruit et plusieurs fois rénové, en plus d’avoir changé de propriétaires à de multiples reprises.
Lire l’article: “L’Hôtel Mont-Tremblant, près de 120 ans d’histoire“
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