Hôtel Pointe du Rocher

 

Les lots 4, 5 du rang D du canton Clyde où est situé l’hôtel Pointe du Rocher, ont été attribués à Virginie St-Denis, l’épouse du premier ministre Honoré Mercier, le 12 novembre 1892. En novembre 1896, elle en acquiert les lettres patentes, puis les rend disponibles pour les habitants de la région.

BAnQ-Rangs D,E canton Clyde et lac Sam 1889

 

Le 19 mai 1897, A-Denis Dury a obtenu la concession des lots 4 et 5, le long du “chemin Bisson (l’actuel chemin du lac Mercier) qui mène vers la « Chute aux Iroquois » (Labelle). Le “Chemin Bisson a été ouvert en 1883.

 -Alphonse-Denis Dury et Marie Giroux avaient immigré de France en 1883. En mars 1894, ils achètent un terrain dans le 5e rang du canton de Salaberry (St-Jovite) afin d’y construire une maison. Alphonse Dury est tailleur et le couple ouvre un magasin de vêtements à St-Jovite.

Après le décès de son mari en 1904, Marie Giroux s’occupera du magasin avec l’aide de ses fils ; l’un d’eux, Georges Dury, sera maire de St-Jovite de 1929 à 1933.

A-Denis Dury revend bientôt les lots 4 et le lot 5 à un marchand général de St-Jovite, Jules Lachapelle (Eugénie Trudeau), très impliqué dans le milieu municipal et fervent militant libéral.

Une histoire de famille :

Élodie « Lydie » Goyette Robert

Le 15 juillet 1901, Élodie « Lydie » Goyette, veuve de Narcisse Robert, achète de Jules Lachapelle, les lots 4 (moitié ouest) et 5 et y fait construire une maison de deux étages sur un promontoire rocheux au bord du lac Mercier. Son gendre, Louis E. Roy, est architecte à New-York et participe à la construction de la résidence familiale.

Lydie Goyette et Narcisse Robert sont originaires de Châteauguay -Beauharnois et ils y ont résidé avec leurs sept enfants jusqu’au décès de Narcisse en 1895. Par la suite, Lydie s’installe à New-York où deux de ses filles, Léontine et Laurenza, s’y trouvent déjà. Elle s’établit avec sa famille au lac Mercier au début du siècle.

BAnQ- “La Patrie” 5 août 1905

La maison du lac Mercier devient le lieu de rassemblement pour la famille. Les filles ainées et leurs conjoints y séjournent durant la saison estivale tandis que les plus jeunes y passent une partie de leurs vacances.

En mai 1905, Lydie Goyette-Robert achète un terrain dans le village sur le « Chemin du lac Tremblant » et s’y fait construire une petite maison, car elle envisage de laisser la résidence du lac Mercier à ses enfants. Les garçons Robert s’installent de façon permanente dans la région.

Léontine Robert et Arthur O’Meara

Le 23 novembre 1905, Lydie Goyette vend la propriété à sa fille cadette Léontine Robert (Arthur O’Meara) et ne conserve que la moitié ouest du lot 5 qu’elle léguera à son décès à sa fille ainée Florina.

Léontine Robert a épousé le 6 juillet 1897 le journaliste montréalais du journal « The Gazette » Arthur O’Meara. Le couple a immigré aux États-Unis par la suite, après le décès des deux parents d’Arthur, Patrick O’Meara et Alexina Angers.

Deux mois plus tard, le 8 février 1906, la propriété passe aux mains de Laurenza Robert et Louis E. Roy. Contrairement à Léontine et Arthur, Laurenza et Louis prévoient revenir bientôt vivre au Canada.

Laurenza Robert et Louis E. Roy :

Laurenza Robert a épousé le 27 décembre 1901 à New-York où elle habitait, un architecte d’origine montréalaise, Louis Eusèbe Roy. Deux de leurs enfants y naissent, Lucien et Théodore.

Laurenza et Louis E. Roy ainsi que leurs deux fils, Lucien et Théodore, séjournent à la résidence familiale au lac Mercier durant les étés suivants, puis s’installent à Montréal en 1909. La résidence continue d’être le lieu de rassemblement familial durant les saisons de villégiature.

La résidence est appelée « Villa du Rocher Blanc ».

BAnQ-La Presse sept 1905
BAnQ La Presse juin 1908

Pendant de nombreuses années, la « Villa du Rocher Blanc » et la « Villa des Lys » d’Évelina Mercier et Alfred Beaudoin sur la rive sud-est du lac, seront les lieux de rassemblement des familles Roy et Beaudoin lors des vacances estivales.

Eugénie Robert

Eugénie Robert habite la région depuis l’arrivée de la famille Robert au lac Mercier. La plus jeune des filles Robert est régulièrement l’objet de potins mondains dans les journaux locaux.

BAnQ-Le Pionnier 13 août 1908

Puis c’est l’époque de la « Grande Guerre» et les temps sont difficiles. Louis Roy travaille maintenant dans un hôtel à Montréal depuis son retour des États-Unis et a dû renoncer à l’architecture.

Lydie Goyette est malade et un de ses fils David, est décédé en février 1915. Elle vit depuis quelques années avec son fils aîné Philémon, dans le village de St-Jovite.

Philémon Robert est barbier à Saint-Jovite. Plus tard, il sera maire de Saint-Jovite de 1941 à 1943.

À l’été 1916, Eugénie Robert devient créancière de la propriété familiale.

Eugénie Robert épousera Ferdinand Carrière en 1923.

Décédée à son tour le 16 décembre 1916, Lydie Goyette a légué la moitié ouest du lot 5 qu’elle avait conservée, à sa fille ainée Florina Robert, où elle possédait déjà une maison avec son conjoint Paul Vincent Syracuse.

C’est surtout Lucien Roy, le fils ainé de Laurenza et Louis E. Roy, qui fréquente désormais la maison familiale.

Mécanicien à Montréal, il va épouser en juin 1925 Jeanne Beaudoin, (fille d’Évelina Mercier et Alfred Beaudoin). Ils séjournent fréquentent au lac Mercier jusqu’en 1928.

Coll. Brien Benoit

Florina Robert et Paul Vincent Syracuse:

Florina Robert est l’ainée de la famille et demeure au lac Mercier depuis 1909 avec son conjoint Paul-Vincent Syracuse, où ils ont érigé leur maison sur la portion ouest du lot 5. Durant la saison de villégiature, celle-ci devient une maison de pension, connue sous le nom de « Villa des Roses » depuis 1909.

BAnQ-La Patrie juillet 1911-Villa des Roses

BAnQ-La Presse 30 juillet 1918

Florina Robert dont l’union en 1898 avec Frédéric Schiller (cousin d’Arthur O’Meara) n’a pas duré. Frédéric est parti pratiquer la médecine en Californie, tandis que Florina s’établit au lac Mercier.

Paul Vincent Syracuse a immigré de Palerme en Italie au début du siècle et travaille comme tailleur à St-Jovite Après le décès de son mari, le curé Ouimet célébrera le mariage de Florina  et de Paul Vincent Syracuse en juin 1925 à St-Jovite.

Le 19 octobre 1928, Louis E. Roy vend la propriété familiale à Paul Vincent Syracuse (Florina Robert).

Laurenza est décédée le 1er janvier 1927 et Louis E. Roy retourne vivre à Montréal, mais conserve une petite partie du terrain près de la maison principale, où sa maison d’été est située. Il viendra y passer ses étés jusqu’en décembre 1937.

Florina et Paul Vincent tiennent une maison de pension connue sous le nom de « Chalet Belvedère » ou « Castel Belvedère ».

Le Belvedère – La Presse 6 août 1929

Paul Vincent Syracuse sera « maître de pension » jusqu’en 1934.

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Fin d’une époque

C’est l’époque de la crise économique et la situation financière continue d’être difficile.

Eugénie Robert  n’a pu se faire rembourser et Paul Vincent Syracuse, qui a dû investir ses économies dans de nécessaires rénovations, ne réussit pas à rembourser ses créanciers.

Le 24 décembre 1934, l’immeuble est mis en vente par le shérif à la porte de l’église, lieu fixé pour les ventes aux enchères. Euclide Dubois, l’entrepreneur bien connu du lac Ouimet, est le plus haut enchérisseur.

C’est la fin d’une époque pour la famille Robert. Les quatre sœurs auront réussi pendant plus de trente ans, à conserver dans la famille, le patrimoine familial, depuis que leur mère Lydie Goyette a fait l’acquisition de ces lots sur la rive ouest du lac Mercier en 1901.

Euclide Dubois et Hector Calvé

Euclide Dubois dont les parents originent de la région de Ste-Thérèse, a acquis plusieurs lots dans la région entre le lac Ouimet et le lac Mercier. Il exploite un moulin à scie sur un des lots près du chemin qui mène au village. Menuisier et entrepreneur, il participe à la construction de l’église en 1929 et est propriétaire de l’Hôtel Villa Bellevue au lac Ouimet.

Le 7 mai 1936, son gendre Hector Calvé (Irène Dubois) en devient propriétaire et la maison de pension se transforme en un hôtel d’une vingtaine de chambres qui prend le nom de « Hôtel Pointe du rocher ».

L’hôtel en 1942 – Coll. Brien Benoit
BAnQ-Pointe du Rocher 1951
vers 1950… Coll. Brien Benoit

L’hôtel devient un endroit très convoité par de nombreux touristes jusque dans les années 70.

L’Hôtel “Pointe du Rocher” à l’époque de la famille Calvé

Salle de loisirs – Coll. Brien Benoit
vers 1950, Coll. Marc Calvé
Coll. G. Lauzon: Salon Hôtel Pointe du Rocher 1964
Collection Brien Benoit

Hector Calvé et Irène Dubois exploitent le commerce jusqu’en février 1968.

De  1968 à 1974 :

Lise Forget (Reginald Clarence Lavack) devient propriétaire le 17 janvier 1968, Elle revend le commerce après deux ans seulement, à deux propriétaires de taxis d’Ottawa, Raymond Blais et Roy Fetherstonhaugh le 4 avril 1970.

Roy Fetherstonhaugh vend sa part à Ralf Walther en décembre 1972.

Raymond Blais et Ralf Walther vendent l’établissement le 12 juin 1974 au neurochirurgien d’Ottawa, Dr. Brien Benoit.

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Résidence privée

L’hôtel a cessé toutes ses opérations commerciales depuis ce temps. L’hôtel « Pointe du Rocher » a fait place à une résidence privée.

La cuisinière Laurette Clément et Simon, en 1976.___ Collection Brien Benoit
1976 ___Collection Brien Benoit
1976 coll. Brien Benoit

En 1976, on distingue nettement la maison originale érigée par Lydie Goyette et Louis E. Roy en 1901, malgré les multiples agrandissements apportés au fil du temps.

Malgré les nombreuses transformations, le carré originale de la maison d’autrefois a été préservé et rappelle à ses propriétaires actuels, toute l’histoire dont ces murs ont été témoins depuis plus de 120 ans.

Coll. T. Borduas- en 2021