Le lac Mercier à ses débuts
31 janvier 2022Le lac Mercier à ses débuts
À l’époque de la colonisation dans la province, les lots entourant le lac Mercier, ont été créés entre 1871 et 1889. L’extrémité sud du lac Mercier était située dans le Canton de Grandison et la presque totalité du lac se situait dans celui de Clyde.
Selon les écrits de l’époque, le lac Mercier s’appelait le lac Sam ou Sem. (nom d’un ancien employé d’une compagnie forestière de l’époque?).
Au tournant du siècle, le père Samuel Ouimet, premier curé de Saint-Jovite, l’a renommé “lac Mercier” en l’honneur de l’ Hon. Honoré Mercier (1840-1894), premier ministre du Québec de 1887 à 1891 et l’un des grands premiers ministres dans l’histoire du Québec.
Même si le Lac Mercier est connu depuis la fin du 19e siècle, ce e n’est toutefois qu’en 1968 que le nom de “Lac Mercier“ a été officialisé par la “Commission de toponymie du Québec”.
Cette période de notre histoire met en scène une campagne québécoise qui doit faire face à des choix, parfois déchirants. Il devient de plus en plus difficile d’y faire vivre une famille convenablement. Les choix qui s’offrent sont, soit l’exil aux États-Unis, soit d’aller vivre dans les villes pour y travailler dans les usines, soit d’aller s’établir dans de nouveaux territoires de colonisation. C’est ce que favorise la très influente Église catholique, d’où la création de sociétés de colonisation.
L’hon. Honoré Mercier et le curé Antoine Labelle
Dès son arrivée en 1868 comme curé de Saint-Jérôme, Antoine Labelle (1833-1891) se lance dans l’aventure d’ouvrir les pays d’en haut à la colonisation, convaincu que l’avenir des Canadiens français passe inévitablement par le travail agricole.
La détermination du curé Antoine Labelle et l’énergie qu’il a su insuffler à ses contemporains, ont fait de lui un personnage de légende.
Histoire de chez-nous / Antoine Labelle
Répertoire du patrimoine culturel du Québec
De par sa notoriété de premier ministre, et son implication dans le développement de notre région, l’ Honorable Honoré Mercier a aussi marqué l’histoire à travers ses descendants:-Sa fille ainée, Eliza Mercier, épousera Sir Lomer Gouin
–Sa fille ainée, Eliza Mercier, épousera Sir Lomer Gouin
-Sa fille Heva Mercier (Homère Fauteux), mère de l’Hon. Gaspard Fauteux,
-Son fils Honoré Mercier ll, politicien influent et ardent défenseur de la nature, qui a su conjuguer son amour pour la région avec ses fonctions ministérielles. Il est à l’origine de plusieurs institutions visant à protéger la nature et les ressources naturelles, à une époque où ces préoccupations environnementales étaient naissantes en Amérique du Nord.
Honorable Honoré Mercier, le père et le fils
Le premier ministre Honoré Mercier, assisté par son sous-ministre de l’agriculture et de la colonisation le curé Antoine Labelle, a comme mission de développer le territoire québécois et de promouvoir les intérêts de la colonisation et de l’agriculture.
Répertoire du patrimoine culturel du Québec
Les hivers particulièrement rigoureux de 1871 et 1872 et la nécessité de transporter du bois de chauffage vers Montréal, ont eu raison des résistances des politiciens qui refusaient jusqu’alors de développer la voie ferrée vers les Laurentides. Le train se rend bientôt jusqu’à Saint-Jérôme.
Mais le curé Antoine Labelle, surnommé le « Roi du Nord » voit plus loin et veut continuer la colonisation sur de nouvelles terres vers le Nord. Il rêve aussi d’y amener des touristes en quête de dépaysement, pour profiter des paysages grandioses et des nombreuses ressources dont les “Cantons du Nord” regorgent.
Visionnaire, le curé Labelle avait prévu que de beaux endroits dans les cantons du Nord deviendraient des paradis pour retrouver la santé et admirer et profiter de la nature. Il voulait faire du Nord une « Suisse canadienne ».
L’extension de la voie ferrée vers le Nord est essentielle à la réalisation de ce rêve et le curé Labelle met beaucoup d’énergie à la réalisation de son plan de colonisation.
Plan de colonisation des “cantons du Nord”
Le curé Labelle veut freiner l’exode des Canadiens-français vers les États-Unis, mais il a aussi la ferme intention d’endiguer la poussée des Anglo-saxons et de leurs pasteurs protestants au nord du Saint-Laurent. Ceux-ci ont déjà remonté de la région de l’Outaouais vers les cantons de Montcalm, Arundel et même ceux de Salaberry sur la Diable.
Le curé sait que les protestants ont l’intention de s’emparer des bonnes terres de la vallée de la Rouge et de la Diable et il déploie beaucoup d’efforts pour déjouer leurs projets. Il veut à tout prix éviter que les anglophones fassent dans les cantons du Nord ce qu’ils ont fait dans les cantons de l’Est où la concession des terres les a favorisés au détriment des Canadiens-français plus pauvres.
Le curé Labelle à « La Repousse » en 1870
À l’automne 1870, le curé Antoine Labelle part de Saint-Jérôme et traverse les hauts sommets de « La Repousse » (St-Faustin) pour atteindre la plaine du “Grand Brûlé”. La forêt a été en partie déboisée au confluent des rivières “Diable” et “Rouge” par les entrepreneurs forestiers d’Hawesbury, pour y entreposer la nourriture et l’équipement nécessaires à leurs chantiers d’hiver. Il voit ici une belle vallée propice à l’installation d’une colonie.
Antoine Labelle réclame l’aide du gouvernement afin qu’un plus grand nombre de terres soient attribuées aux colons et demande également une meilleure protection législative face aux pratiques abusives des entrepreneurs forestiers.
Après l’arpentage du canton De Salaberry en 1871, des familles commencent à défricher la vallée du Grand Brûlé sur la rive sud de la Diable. Pour aider les familles à s’installer sur ces terres, le curé Labelle réussit à rassemble les sommes nécessaires à l’amélioration du “Chemin Morin” (route 117) qui relie “le Grand Brûlé” à Ste-Agathe et à la construction d’un pont couvert sur la Diable, ce qui permettra aux colons de défricher les deux côtés de la rivière.
Les défricheurs s’installent graduellement dans les cantons de Wolfe, Arundel et Clyde.
Après l’ouverture du “Chemin Morin” jusqu’à la Diable en 1871, les colons s’établissent dans le Canton de Clyde (La Conception), au milieu de l’empire forestier des frères Hamilton de Hawesbury.
Les familles St-Jean, Pilon, Champagne, Labelle et Clément s’implantent dans le “Canton de Clyde” où est situé le lac Mercier.
La mission du “Grand Brûlé”
En 1878, les familles sont nombreuses sur les deux rives de la Diable. Joseph Sarazin, bien établi sur la rive sud de la Diable, offre un terrain au curé Labelle et une chapelle-presbytère y est bientôt érigée. Le curé Labelle encourage le transfert de l’abbé Joseph-Samuel Ouimet du diocèse de Montréal, afin qu’il consacre son temps aux colons et à leurs familles de la mission du Grand Brûlé. En 1878, la nouvelle colonie est confiée à l’abbé Joseph-Samuel Ouimet.
Le “Grand Brûlé“ s’appellera désormais St-Jovite
Le curé Ouimet dépense beaucoup d’énergie à recruter de nouveaux colons. Le village de St-Jovite a maintenant une Commission scolaire et fait ériger une école. La chapelle devient bientôt exigüe et la construction d’une église devient nécessaire. Le village a un moulin à scie et une briqueterie (François Léonard), un moulin à farine (Célestin Bisson), un moulin à carder (Jude Meilleur), un boulanger, des voituriers et des forgerons, des magasins généraux, un médecin et un notaire. Grâce aux ruisseaux, l’installation d’un pouvoir électrique vient accélérer l’expansion du territoire.
Le « chemin Bisson » vers la « Chute-aux-Iroquois »
La route de 21 milles qui relie St-Jovite à la Chute aux Iroquois (Labelle) passe par le lac Duhamel et La Conception. En 1883, une nouvelle route qui traverse les rangs 1 et 2 de Grandison, puis le rang D de Clyde le long de la rive ouest du lac Mercier , est en construction. Ce chemin nommé « Chemin Bisson » (l’actuel Chemin du lac Mercier) réduira la distance entre les deux villages à 16 milles. Les terres le long du chemin et celles longeant la rive est de la Rivière Rouge, sont fertiles et très productives.
Une première section de chemin est ouverte en 1884 et permet de franchir le secteur montagneux du lac Mercier et le lac du Sommet pour se rendre jusqu’au plateau qui s’étend à l’est de la rivière rouge (jusqu’à la ferme Valiquette sur les lots 46 à 50 du canton de Clyde).
C’est en 1886 que le chemin sera prolongé jusqu’à la « Chute-aux-Iroquois » (aujourd’hui Labelle).
À deux reprises, en 1885 et 1890, le curé Labelle, devenu sous-ministre de la Colonisation sous le gouvernement d’Honoré Mercier, s’est rendu en Europe afin de recruter des familles francophones pour venir s’établir sur les nouvelles terres des cantons du Nord.
Extrait de : Chronologie de l’histoire du Québec-La Province de Québec de 1867 à aujourd’hui
… « 1890 : Les temps sont durs au Québec. Plusieurs quittent la campagne pour chercher du travail en ville, où ils sont exploités par des patrons qui leur versent des salaires ridicules en échange de six jours de travail, à un minimum de dix heures de labeur par jour. D’autres choisissent l’exil vers les manufactures des États-Unis. Pas moins d’un million de Québécois quittent ainsi leur patrie, un nombre faramineux! C’est un véritable ghetto de francophones qui se crée en Nouvelle-Angleterre »…
La voie ferrée au-delà de « La Repousse »
La vision du « Roi du Nord » de prolonger la voie ferrée au-delà de la montagne de « La Repousse » (Saint-Faustin) est devient réalité.
On a déjà inauguré la gare à la “station de Saint-Jovite“ en octobre 1893.
En 1894, l’installation de la voie ferrée est complétée dans le secteur du lac Mercier et le premier train y passe en direction de La Conception et la station de la Chute aux Iroquois (Labelle).
Le train peut désormais amener travailleurs et touristes dans les vallées de la Diable et de la Rouge, jusqu’au terminus de la Chute aux Iroquois.
Après le décès du curé Antoine Labelle (en 1891), son projet de colonisation est poursuivi par son ami fidèle, le curé Samuel Ouimet. La colonisation va bon train et s’étend dans les cantons de Grandisson et de Clyde.
En plus de s’occuper des familles de la vallée de la Diable, le curé Ouimet doit desservir les missions de La Conception et de la Chute-aux-Iroquois.
L’ histoire de la colonisation