L'industrie dans le village

L’ industrie du bois dans le village

À la fin du 19e siècle, la demande américaine pour le bois d’œuvre est en pleine croissance. La construction de la voie ferrée va insuffler un nouvel essor à l’exploitation forestière déjà présente dans la région et va favoriser la création d’une industrie secondaire liée à la transformation des sous-produits du bois.

À cette époque, les droits de coupe et de vente de bois sur presque tout le territoire ont été acquis par des compagnies forestières.

Le 20 novembre 1903, la Great Northern Lumber Company Ltd. exploitait un vaste territoire boisé couvrant le côté est du lac Mercier, le secteur est du village le long du “chemin du lac Tremblant” (chemin du Village), ainsi que plusieurs lots boisés du secteur nord du lac. Pour ces exploitants forestiers, le site est idéal car le bois, dur et mou, est disponible en grande quantité.

Cette nouvelle économie donne donc un élan au mouvement de colonisation. Les colons qui se sont établis dans la région lors de la colonisation et depuis l’installation de la voie ferrée entre St-Jovite et La Conception en 1893-1894, sont heureux d’y trouver des emplois près de leur famille. Ayant constaté le potentiel agricole limité de leur nouvelle terre, ils iront chercher un revenu appréciable en offrant leurs services comme bûcherons et employés de la compagnie forestière.

Pour la compagnie forestière, la gare du lac Mercier, construite en 1904 rend de plus en plus attrayant le commerce du bois.

Le 3 avril 1906,  des gens d’affaire de Montréal et un marchand de Westmount, Andrew D. Gall (A.D.Gall Petroleum & Chemical Company Ltd) achètent les installations et les droits de coupe que détient Salomon Cole, le marchand provincial de bois et propriétaire de l’usine de transformation du bois (moulin à scie) installée entre le lac Moore et le lac Mercier.

 

La compagnie est ainsi propriétaire de huit lots du côté est du lac Mercier appartenant à la Great Northern Lumber Co., deux lots appartenant à  Marie Giroux, épouse d’Alphonse  D. Dury, du côté ouest du lac, ainsi que toutes les installations de la Great Northern Lumber Company. Ces installations étaient déjà nombreuses à cette époque: un moulin à scie, un magasin général, une immense quantité de bois coupé et transformé, toute la machinerie ainsi que les animaux servant au transport et à l’exploitation du bois.

En plus des terrains, la compagnie faisant l’acquisition du bois coupé et des droits de coupe sur une grande étendue du territoire sur les lots au nord-est du lac, en périphérie du lac et du petit village, dont ceux d’Ernest Gouin, Gerald W. Birks (joaillier de Montréal), Edward Stuart et Edouard-H. Mercier.

La A.D.Gall Petroleum & Chemical Co. installe un embranchement de la voie ferrée pour desservir son usine. (actuelle rue du Couvent).Elle peut aisément la matière première et les produits dérivés du bois vers Montréal.

En août 1910, toutes les installations sont vendues à la Laurentian Chemical Co., basée à Montréal. La  Laurentian Chemical Co. poursuit les activités forestières et améliore les installations sur le plateau entre le lac Moore et le lac Mercier, ainsi que sur les lots autour du lac Mercier et la voie ferrée.

À cette époque, l’industrie forestière était très importante. L’usine qui fabrique des produits chimiques résultant de la combustion du bois, employait beaucoup de travailleurs, qui devaient être logés près de l’usine.

extrait de Mont-Tremblant, d’hier à aujourd’hui.

Au début du siècle, la compagnie forestière a érigé un hôtel et des maisons le long de l’embranchement de la voie ferrée qui desservait l’usine, pour y loger son personnel: l’hôtel s’appellera plus tard le « Chalet du lac ».

Tiré de « Mont-Tremblant 1940-1990 »

Guerre 1914-1918

La Laurentian Chemical Co. fait brûler dans ses fours le bois franc des forêts environnantes. La lente combustion du bois franc sert à la production du charbon et les gaz qui résultent de cette combustion sont  transformés en acétate de chaux et en alcool de bois. Ces sous-produits sont ensuite expédiés par train à Montréal, puis transformés à nouveau pour fabriquer de nouveaux dérivés, dont la poudre explosive qui sera exportée en Angleterre.

La  Standard Chemical, une multinationale de Toronto et un bureau à Montréal, englobe l’exploitation commerciale de la Laurentian Chemical en juillet 1932 et poursuit les activités de coupe forestière et de transformation du bois. La main d’œuvre est disponible et l’exploitation forestière intense durant cette période d’entre-deux guerres.

Puis la ressource en bois de qualité décline, les activités forestières et l’exploitation des sous-produits du bois est moins rentable. La fumée, les gaz et odeurs résultant de l’exploitation de la compagnie commencent à déranger. L’industrie entre dans une période de transition et la Standard Chemical Co. envisage bientôt de diriger ses activités vers d’autres sites d’exploitation pour y produire de nouveaux dérivés plus lucratifs.

les années 1930-1940

En même temps que décline l’exploitation des produits de la forêt, l’industrie touristique prend de l’ampleur. À cette époque, l’industrie touristique découvre les « Pays d’en Haut » et la clientèle des milieux bourgeois anglophone et francophone devient plus importante dans la région.

Le tourisme remplace l’industrie de transformation du bois. La Standard Chemical Co. se départit graduellement des lots et maisons dont elle était propriétaire. Les équipements de ses installations qui sont encore utiles sont transférés ailleurs.

L’hôtel « Chalet du lac » est vendu à Charles-H. Deslauriers en 1939. Les bâtiments et le moulin à scie désuets sont abandonnés. La vente de nombreuses parcelles de terrain dont elle est encore propriétaire se poursuit jusqu’en 1942. L’embranchement de la voie ferrée est démantelé pour faire place à la “rue Du Couvent“.

De nouveaux propriétaires s’installent sur ce plateau entre deux montagnes et deux lacs, le secteur de la rue Du Couvent.

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